Interview imaginaire sur prise de Rome par Hannibal

point de divergence : prise de Rome par Hannibal en - 216 et victoire définitive de Carthage sur Rome 

Une interview, imaginaire, d'un uchronaute distingué et émérite, le "Professeur" Sémaphore Enfiction, portant sur une prise deRome par Hannibal Barca

Le Professeur Sémaphore Enfiction, uchronaute distingué, et professeur d’uchronologie, a réservé au « forum des uchronies francophones » la primauté de ses analyses sur le sujet de mois de juillet/août 2023, à savoir « Hannibal ». Hannibal Barca, précisons le.

 

– Professeur, quelle est l’importance, d’un point de vue uchronique, du sujet « Hannibal » ?

 

. Historiquement, ce moment reste un des plus importants de l’Antiquité. Il s’en est fallu de très peu que l’Histoire ne bascule dans un sens radicalement différent. Elle reste très débattue entre les historiens, avec, peut être, « pourquoi Cro-Magnon a t’il supplanté Néanderthal ? « 

. Au-delà, d’ailleurs, de toute démarche uchronique, c’est une question venue, naturellement, à l’esprit de tous les étudiants découvrant, dans leurs livres d’études, le récit des guerres puniques. Il est, ainsi, fort à parier que le thème « pourquoi Hannibal n’a pas pris Rome » reste un des plus fréquemment posé aux professeurs d’histoire. 

 . Précisément, quel est votre avis sur la question, je parle d’Hannibal, pas de Cro-Magnon ?

. Il existe deux niveaux de réponse, la classique, et la complémentaire.

. Dans la « classique », bien connue, Hannibal souhaitait mener une guerre « d’attrition ». C’est à dire jusqu’à épuisement de l’adversaire.

. Dans la complémentaire, Hannibal poursuivait la guerre le plus longtemps possible. Une prise de Rome risquait de le contraindre à revenir sur Carthage ; et à se replonger dans les luttes de faction. Sans doute ne « sentait-il pas » la perspective de se mêler aux luttes des « Suffètes », à savoir les magistrats dirigeant Carthage. 

 . Pourquoi Hannibal aurait t’il fini, par s’attaquer à, et prendre, Rome ?

. Les explications les plus simples sont, souvent, les meilleures. Peut-être a t’il compris que la destruction de Rome, en tant qu’entité politique, impliquait sa mise à bas en tant que ville.

. On peut imaginer que Philippe V de Macédoine, son allié, n’aurait pas été retenu en Macédoine. Et son arrivée, en Italie, aurait fini par faire basculer le raisonnement d’Hannibal.

 . Quand, et comment, prend-il Rome ?

. Le moment le plus favorable est, évidemment, fin -216, juste après la bataille de Cannes, à l’acmé de ses victoires militaires. Le système d’alliances « à la carthaginoise », moins contraignant que le « romain », donne, alors, tout son sens.

. Comment Hannibal parvient-il à franchir la « muraille servienne » des murs de Rome ? N’épiloguons pas… Une forme de « blitzkrieg » à la carthaginoise, avec des éléphants , importés par bateau d’Afrique du nord, en guise de panzer. Une attaque genre commando, et tout était dit.

 . Qu’aurait fait Hannibal de sa conquête ?

. La haine d’Hannibal pour Rome, et son souci d’en finir, ne lui aurait, en toutes probabilités, suscité aucune pitié. Au « Delenda Carthago » de Caton, de notre continuum, “il faut détruire Carthage”, se serait substitué “Delenda Roma est”, “il faut détruire Rome”. “Vae victis” malheur aux vaincus.

. Ou plutôt “gwaj lill-imwarrbin”; ou quelque chose d’approchant.

 . Plait-il ? Pouvez vous développer votre dernière phrase ?

 

. C’est très simple. Il est tout à croire que la destruction de Rome aurait entraîné l’extinction du latin, en tous cas en tant que “Lingua franca”. Le carthaginois, langue dite “sémitique”, l’aurait supplanté. Et une des dernières langues sémitiques modernes est le “maltais”. “gwaj lill-imwarrbin” est la traduction en maltais de “malheur aux vaincus”. CQFD.

 . Je travaille d’ailleurs le concept de “philologie uchronique”; pour les profanes l’évolution des langues “au cas où”. Voulez-vous quelques exemples ?

 . Ah, merci, ou plutôt “grazzi”, donc en maltais, de ces précisions. Ce dernier concept est porteur de promesses. Mais nous verrons ça une autre fois. Revenons au cas Hannibal. Rome se serait-elle relevée de ses cendres ?

. Rome non, mais, sans doute, quelque puissance « italo centrée ». La « botte » italienne permet de développer un état à l’abri des attaques venant de l’Est et de l’Ouest.

. Autrement dit, « Rome n’aurait plus été dans Rome ». Mais « tous les chemins y auraient quand même mené ». Pourquoi ne pas envisager une capitale installée plus au nord, à Ravenne, ville stratégiquement située. Et quels que soient les continuums ?

 . Quel aurait été le destin d’Hannibal ?

. Soit il revenait, en grand vainqueur, à Carthage. Mais, cf. supra, la crainte de sa « dictature » aurait risqué de lui aliéner beaucoup de gens ; dont « Hannon le grand ». Un peu sur le modèle de César, multi-poignardé par les sénateurs romains aux « ides de mars ». Une fois de plus, n’oublions pas qu’Hannibal était, avant tout, militaire, pas politique.

. Soit, ne souhaitant pas, cf supra, se replonger dans « l’eau chaude » carthaginoise, il se constituait une sorte de « vice – royauté « dans les territoires conquis en Italie. Ainsi, et contrairement à notre continuum, « Hannibal aurait su remporter des victoires, mais, également, en profiter».

 . Quel aurait été le sort de Carthage ?

. Il est probable que la version « africaine » de Carthage aurait profité de l’anéantissement de son rival romain historique pour s’étendre, quelque peu, au détriment des royaumes numides voisins, tels celui de Massinissa.

. Les « Suffètes » carthaginois n’auraient pas laissé ce dernier construire un puissant royaume à leurs portes.  

  . La « vice-royauté » d’Hannibal lui aurait-il survécu ?

. Il eût fallu que son successeur soit suffisamment fort pour se faire respecter.

. L’hypothèse de la « réunion », sous une forme d’alliance, voire de confédération, entre « l’ancienne Carthage », et la « nouvelle Carthage » est à privilégier. Mais l’éclatement d’une « nouvelle guerre punique », opposant les puissances subsistantes, n’est pas à exclure. Le « ils sont fous ces romains », familier des lecteurs d’Astérix, aurait pu, ainsi, se voir substituer « ils sont fous ces carthaginois ». Ce qui sonne moins bien. 

 . Comme vous y allez. Tout cela est-il bien crédible ?

. Ne nous enfermons pas dans un esprit de système. N’oublions pas qu’impossible n’est pas uchronique.

. L’uchronie implique un haut degré de modestie. Et il existe une vérité, uchronique, première. Si l’Histoire, quelle qu’elle soit, eut été différente, l’alchimie des relations entre être humains l’aurait, nécessairement, été aussi. Et vous comme moi ne serions pas là pour l’évoquer..  

 . Ndlr : la suite est une autre histoire..

 

 

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