– point de divergence : les élections a l’Assemblee Nationale française ont lieu au scrutin uninominal à un tour .
- interêt : application des règles de l'uchronie a une composante recente de l'histoire institutionnelle.
. En 1971, un referendum fixe le principe de l’élection des députés à l’Assemblée Nationale au scrutin uninominal à un seul tour. Autrement dit, de tous les candidats, celui arrivé en tête, fut-ce avec 25 % des voix, est proclamé élu. Le nombre des députés est porté à 600. Cette disposition est inscrite, en clair, dans la Constitution.
. Institutionnellement, elle vise à rapprocher la France de la « norme constitutionnelle » des régimes parlementaires. Elle était présumée, à l’époque, constituer une manoeuvre de perturbation de l’alliance communiste/socialiste du « programme commun », et destinée à assurer la prééminence de l’udr, alors très largement majoritaire à l’Assemblée, suite aux élections de 68.
. Chronologie :
. Elle est appliquée, pour la première fois, en 1973, avec des résultats relativement équilibrés entre les grands partis. La victoire paraît surtout celle de la « prime au sortant ».
. Mais, dès 1976, deux grandes structures, « l’union populaire », grosso modo la gauche, et « l’union républicaine », approximativement la droite, se mettent en place. Il s’agit, alors, plus de plateformes de coordination de divers partis, proches d’une confédération, que d’organisations politiques intégrées classiques.
. « Deux chapelles mal fagotées dans une même église où il y a plusieurs dieux » écrira un éditorialiste. En fait, on assiste à une période de transition entre anciens partis « émiettés », et grandes organisations bipolaires.
. 1978 voit la victoire de « l’union républicaine ». Mais une certaine confusion règne à l’Assemblée. Car les organisations politiques ressemblent à une mosaïque de divergences. Les solidarités entre partis et nouvelles confédérations sont tout sauf claires. En 1981, apparaissent « l’alliance républicaine », et « mouvance socialiste ».
. En 1983, émerge un troisième mouvement : « convergence libérale et sociale “; un « monome des aigris des investitures et des blackboulés des élections» selon leurs critiques.
. A partir du milieu des années quatre-vingts, il y a alternance « gauche/droite » classique entre « l’alliance républicaine » et la
« mouvance socialiste», complétée, plus ou moins régulièrement, de l’appui de « convergence démocratique et sociale »; l’adjectif « démocratique » ayant remplacé, assez rapidement, le « libérale» du départ.
. Résultats d’ensemble :
. Dès la fin des années soixante-dix, il y a coagulation autour de « l’alliance républicaine » et de « mouvance socialiste ».
. En fonction des besoins, « convergence démocratique et sociale » se maintient, avec plus ou moins de bonheur, dans la trentaine de députés. Ses candidats sont, généralement, des locaux n’ayant pu obtenir l’investiture d’un des deux grands partis.
. Parallèlement, émergent des mouvements parvenant à obtenir un minimum d’audience, soit au plan local : régionalistes, soit en raison de la progression de courants de pensée, alliés à la notoriété locale de leurs représentants : écologistes, soit enfin en raison de la popularité médiatique de tel ou tel de leurs dirigeants : monarchistes..
. De même, « extrême gauche » et « droite nationale » parviennent, assez régulièrement, à obtenir des poignées de sièges. Enfin, des phénomènes de mode, ou de vedettariat ponctuel, peuvent entraîner des courants de pensée à afficher quelques élus.
. Contrairement aux anticipations initiales, les « petits partis » ne sont pas écrasés. Ils n’ont plus à faire d’alliances de désistements au second tour avec tel ou tel grand parti. Les accords autour des « circonscriptions réservées » montrent très vite leur limite. Car le candidat d’un « petit parti » doté d’une circonscription présumée sûre par abandon d’un « grand allié » a vite fait, sur un tour, de se faire dépasser par la concurrence.
. Vers la fin des années quatre-vingts, cette « bipolarisation relative » de la vie politique entraîne un renforcement du rôle des deux grands partis, et de leur chef. Elle débouche sur une revalorisation du rôle du Parlement.
. Au début des années quatre-vingt dix, est envisagée la translation du mode de scrutin à un tour à l’élection présidentielle. Mais l’expérience des députés montre que le risque d’élection d’un candidat « extrêmiste », ou plus généralement « atypique », n’est pas nul. Le scrutin à deux tours pour la présidentielle est donc maintenu.
. Et aucun projet de proportionnelle n’a jamais été sérieusement envisagé.
. Le reste est une autre histoire.