Marie-Antoinette reste Reine, honoraire, des Français

Point de divergence

Lors de l’émeute du 5 octobre 1789, Marie-Antoinette est blessée, à la tête, par un coup de feu.

Intérêt uchronique : Une pure spéculation, sur des circonstances a priori improbables, entraîne une inversion totale de l’Histoire. Ce scénario part donc d’une improbabilité : quels évènements auraient pu laisser Marie-Antoinette, sur le trône de France, à l’aube du XIXème siècle ? Certes, tout cela ne repose que sur un enchaînement d’invraisemblances. Mais l’Histoire réelle en est remplie : Jeanne d’Arc ou Raspoutine, pour ne citer qu’eux.

Point commun avec notre continuum, l’hypothèse d’une maladie grave, cancer (?) de l’intéressée est reprise, sans être formellement citée; et, quelque peu, différé dans le temps.

Cet article est paru dans le mensuel « le démocrate monarchiste » de janvier 1801

Marie-Antoinette, « ci-devant » Reine de France, se trouve, désormais, ex-Régente du Royaume des Français. Elle reste, malgré tout, « Princesse de Valmy », et « Reine honoraire » des Français.

Ainsi, en ce 5 octobre 1789, lors de « la marche des femmes et de la garde nationale sur Versailles », apparaissant devant les émeutiers, du balcon du Château, un tireur, à jamais resté anonyme, lui expédia une balle. Laquelle la blessa, sérieusement, à la tête. On ne saura jamais s’il s’agissait d’une simple maladresse, ou de la sublime hésitation d’un bras détourné par Dieu.

Cette « balle tragique » dans l’occiput lui perturba sérieusement l’esprit. Mais, dans l’immédiat, elle lui valut, au moins, une certaine sympathie du peuple, voire un retournement de l’opinion en sa faveur. ” Voila qui a mis du plomb dans la tête à « Madame Déficit »” pouvait-on lire dans les « libelles ».

En attendant, la voila ramenée à Paris, avec le reste de la famille royale, mais sur une civière. Elle met quelques temps à s’en remettre. Mais apparaît, très vite, la première réalité de son nouveau mental. Dans une forme de délire quasi mystique, et étendard de Saint-Denis à la main, elle entraîne des volontaires dans la construction d’une série de « fours à pains » dans le jardin des Tuileries.

Quelques restes de bijouterie royale, et des visites intelligemment placées de gardes suisses, lui permettent de la fournir en farine. « La boulangère est aux fourneaux »… Les peintres, et les plus prestigieux, ont rivalisé de talent pour immortaliser ce « moment fort » de la geste révolutionnaire, et royale.

En 1791, elle refuse, au dernier moment, de prendre la fuite avec Louis XVI, seule sa fille Marie-Thérèse restant auprès d’elle. Grâce à quoi, elle ne se trouve pas complice de la “désertion royale”. On sait que Louis XVI, et son fils, échapperont, de justesse, à leurs poursuivants. « Louis XVI est devenu autrichien, et l’Autrichienne restée française«, lit-on dans les gazettes.

Quelle bizarre alchimie mentale la conduisit elle à s’écarter du chemin de son royal époux ? Peut-être son esprit, plus éclairé qu’obscurci par ces quelques grammes de plomb, avait-il compris que la fidélité d’une Reine allait, d’abord, à la France. Marie-Antoinette se retire, avec sa fille, au chateau de Saint-Cloud.

(ndlr : par rapport au vrai continuum, Louis XVI ne perd pas un temps précieux à attendre Marie-Antoinette au départ de Paris).

En 1792, à l’occasion de la bataille de Valmy, venue encourager, par sa présence, les troupes françaises, elle s’empare du drapeau tricolore, entraînant les troupes à la charge contre les prussiens. L’infanterie adverse, décontenancée par cette “Reine blanche” brandissant un drapeau tricolore, hésite, recule, puis rebrousse chemin. Cet insensé acte de bravoure en fait une sorte d’héroïne nationale. Elle avouera plus tard : “En fait, je pensais qu’une bonne mousqueterie mettrait fin à mes souffrances…”. Désignait elle, par là, des maux de tête ? . Les responsables révolutionnaires, bien que sidérés et, peut-être opportunément, reconnaissants, se posent de sérieuses questions sur son équilibre mental. On le serait à moins. Curieusement, cette ambiguïté la sert. Les monarchistes y voient une option crédible, préservant la Royauté, les républicains un « cataplasme » provisoire, apte à être défait à tout moment, pour cause de déséquilibre mental. Après tout, « on ne sort de l’ambiguité qu’à son détriment », comme l’écrivit le cardinal de Retz.

Ainsi, en 1794, afin d’amadouer les forces de l’Europe, largement dressées contre la France et ses effluves révolutionnaires, la « Convention » nomme Marie-Antoinette « Régente du Royaume des Français », ” pour le compte de sa fille Marie-Thérèse ” la loi salique ayant été abrogée. La dynastie dite de « de Saint-Cloud », ou « clodovicienne », est ainsi validée, démocratiquement. . En 1796, le divorce de Marie-Antoinette d’avec le « ci-devant » roi Louis XVI est prononcé. Aux dernières nouvelles, ce dernier voguait dans le Pacifique, toujours à la recherche de son cher La Pérouse ; et aux frais de l’Empereur de Russie.

Marie-Antoinette semble avoir, définitivement, choisi de ne point se remarier. On a longtemps soupçonné, a priori à tort, quelque mariage secret.

Sa fille Marie-Thérèse accède donc au trône, à l’âge de 22 ans, ce premier janvier 1801. L’ex régente du « royaume des Français » hérite, au passage, du titre de « Reine honoraire ». « C’est par un hasard de naissance qu’elle est devenue reine, par malchance qu’elle a cessé de l’être, et par mérite qu’elle l’est redevenue… ». Souhaitons-lui une retraite paisible, bien entourée, dont son éternelle première dame d’honneur, la princesse de Lamballe. Hélas, mille fois hélas, de sombres rumeurs ne lui prêtent plus qu’une brève parenthèse de vie, se trouvant, manifestement, atteinte d’une grave maladie.

La dynastie, « clodovicienne » est donc appelée à continuer à régner sur la France, ou plutôt les Français. . Rarement règne, ou plutôt parcours royal, aura plus été marqué par les effets du hasard. Il appartiendra à de futurs historiens, en d’admirables spéculations, de disserter sur ce qui eût pu advenir, si, si, si… . Quelques centimètres plus à gauche, son histoire personnelle s’arrêtait là. Laissée pleine et entière à son destin, vivrait elle quelque exil, peu ou prou doré, en son Autriche natale ? . Vive la Reine, et la Princesse aussi…

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